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Les larmes de Christel

Publié le 24 mai 2024 par

L'infatigable Christel Ravassaud-Jarry s'est faite épinglée ! Dans le cadre de l'Assemblée Générale du Comité de la Haute Garonne, elle a reçu ce jeudi soir, des mains de Claude Onesta, la médaille du travail. Une breloque qui récompense son oeuvre dans le département et même au-delà. Retour sur une soirée des plus enjouées.

Les larmes de Christel

Émotion, retrouvailles, nostalgie et surtout convivialité. La surprise avait été bien gardée par ceux qui au comité de la Haute Garonne préparent depuis près d'un an la soirée. Tenir Christel Ravassaud-Jarry suffisamment à l'écart pour qu'elle ne se doute de rien. Une remise de médaille du travail ne s'improvise pas. Lorsqu'elle a vu apparaître un ou plusieurs représentants de chacune des générations qu'elle a couvées au fil du temps, elle n'a pu cacher ses 1ères larmes. Des plus jeunes, Maxence Lacourpaille et Wael Paul (2010) à Marina Onesta la plus ancienne (1984) en passant par Pierrick Chelle (1989), Thomas Houry (2000) ou Aymeric Minne (1997) en visio à quelques minutes du match Ivry-Nantes, chacun y est allé de son remerciement. De voir apparaître Alain Hatchondo, le mentor des années collège et lycée et de l'épopée au sein du mythique TCMS, suivi de Claude Onesta, breloque tricolore en main, prête à être épinglée, son cœur a chaviré. « Ces deux personnes-là, m'ont apporté beaucoup de choses dans le sport et surtout à côté et je pense que sans eux, je ne serais pas là. Et (se tournant vers eux) sans vous, je pense que je n'aurais pas transmis ces mêmes valeurs à tous ces jeunes présents ce soir. Et je vais continuer à passer le relais car c'est vraiment ma plus grande envie. » Jamais une éducatrice, une passionnée dans un sport n'a autant fait l'unanimité.

Christel ? Ce sont les autres qui en parlent le mieux...

Ceux qui la connaissent et qui l'apprécient (et ils sont nombreux !), vous diront que sur la dernière décennie, Christel Ravassaud-Jarry a passé plus de temps à l'extérieur qu'à son domicile et que son activité professionnelle est devenue un véritable sacerdoce. Le handball chevillé au corps, elle prêche depuis près de 30 ans, la bonne parole sur toute la surface départementale et régionale. A l'arrière de son véhicule, rien d'étonnant de trouver des ballons, des maillots, mais aussi des structures gonflables adaptées à toutes les catégories d'âge, bref, tous les outils nécessaires à la pratique du handball. La CTF de Haute-Garonne est une vraie pile auto-alimentée 7 jours sur 7. Car quand elle n'est pas auprès de la section sportive handball de Saint Jo, elle s'occupe des minots d'une école de L'Union ou encadre un stage ou des séances d'initiation dans un club du comité. L'intéressée a des journées à rallonge et son quotidien ne souffre d'aucun temps mort. Surtout lorsqu'au sortir de l'hiver, les compétitions départementales, régionales, inter-lycées, UNSS et même universitaires fleurissent un peu partout. Et comme si cela n'était pas suffisant, depuis quelques années, elle a rajouté la corde du ''beach'' à son arc. Même méthode et même intensité. On l'aurait même vu roder aux abords des carrières afin de négocier la moindre brouette de sable pour viabiliser un terrain.




Christel s'est constamment nourrie de plaisirs simples. Rien ne lui procure plus de joie lorsqu'un joueur passé par son apprentissage, vient la saluer. Téo Jarry aurait pu être jaloux de cette concurrence affective. Il a du partager sa maman avec les autres mais il a tracé sa route et à force de volonté atteint son rêve, évoluer au plus haut niveau professionnel avec le Fénix. « Elle a toujours été ma 1ère supportrice même si on a toujours veillé à ce qu'il n'y ait pas d'interférences. Elle n'a jamais usé de son influence pour me faciliter la tâche. Elle m'a toujours incité à aller chercher tout ce qui m'a été donné. Je pense qu'elle est fière par rapport à ça aussi. Se construire et surmonter l'adversité par ses propres moyens.  Je sais très bien qu'en toutes circonstances, elle sera à mes côtés »



Christel et le handball, c'est une histoire qui démarre dans le quartier de Soupetard au Toulouse Cheminots Marengo Sports, le club féminin de référence. Alain Hatchondo la récupère avec sa vieille 4L, à la sortie des cours. « Elle est arrivée la même année que Stéphanie Lannes et Samira Bedri. Des trois, Christel est celle qui avait le moins de moyens mais un caractère à toute épreuve. C'était une ''pitchounette'' qui s'accrochait, avec un mental au-dessus de la moyenne. Elle jouait pivot et cela lui allait très bien. C'est ce tempérament de battante qui lui a permis de continuer. Dans le hand, elle a trouvé une seconde famille et surtout une perspective d'avenir car l'école n'était pas ce qu'elle préférait. » La voie est tracée, sans bénéficier de passe-droits, elle doit gagner sa place. Elle entre à 18 ans à la ligue Midi-Pyrénées comme secrétaire. Elle joue toujours au TCMS, le plus souvent en PréNat. Changement d'environnement en 1992 puisqu'elle débarque sur l'île de la Réunion. A 9000 km de la place du Capitole, elle vend même des pièces détachées pour des grues. La débrouille... c'est son credo!



Retour en métropole et à Toulouse, trois ans plus tard. Une rupture des croisés ne lui permet pas de retrouver immédiatement les parquets. Mais elle ne reste pas inactive et en profite pour passer le Brevet d’État. « Elle allait en cours avec les béquilles, elle ne voulait rien rater, se souvient Muriel Fortier, qui la côtoie à l'époque au TCMS.» Toujours cette rage de vaincre sur un chemin qui n'a guère été tranquille. Entre temps, elle a rejoint le comité de la Haute-Garonne. Christel Ravassaud commence à vivre de sa passion. Et durant les vingt dernières années, elle va se dévouer corps et âme pour la promotion de la discipline à tous les échelons. Elle va franchir tous les obstacles dans un milieu peuplé d'hommes et atteindra le poste de Conseillère Technique Fédérale. « Elle n'a jamais renoncé elle aurait préféré ''crever'' sur le terrain quitte à laisser un peu de sa santé, insiste Alain Hatchondo. » Le week-end dernier, c'est elle qui a dressé la feuille de route de toute la délégation de Haute-Garonne engagée dans l'aventure des Intercomités à Orléans. La saison sportive se termine, Christel va tourner une nouvelle page. Prête à s'investir toujours avec la même intensité. La médaille du travail qu'elle a reçue ce jeudi 23 mai des mains de Claude Onesta est la moindre des reconnaissances qui pouvait lui être accordée.

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Christel et une médaille qui pique son coeur

© Yves Michel (mention pour toutes reproductions)

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